Sarah Espeute, fondatrice de la marque Œuvres Sensibles, est un peu un OVNI dans notre société hyperconnectée. Elle a conquis le monde de la décoration, grâce à de nappes brodées. Discrètement, mais sûrement, son linge de maison brodé de trompe-l’œil nous a enchantés. En s’appropriant un geste ancestral et désuet, cantonné au travail de bonne femme, elle a créé un univers captivant qui mêle art et quotidien, et touche notre face rêveuse, un brin nostalgique. J’avais très envie de vous parler d’elle par ici. J’ai en effet, un faible pour les nappes brodées, un souvenir d’enfance d’une maman qui brodait…

Elle se présente comme un autodidacte de la broderie, et elle l’est sans doute. La maison Villaume qui tâte de la haute couture ne l’embaucherait peut-être pas. Peu importe. Elle s’est approprié un geste simple de piqué, repiqué, qu’elle avait appris enfant et en a fait un moyen d’expression. Cependant, elle est loin d’être une débutante dans le domaine de la création.

Elle a en effet fait des études d’arts appliqués à l’école Olivier de Serres (Ensaama), pardon du peu, et a travaillé un temps sur la mise en place d’un projet combinant imprimerie et illustration. En revenant dans le Sud, d’où elle est originaire (Vous pouvez voir son appartement à Marseille sur thesocialitefamily.com), elle a cherché à développer une activité de création qui mêlerait la création graphique au geste, et ce, à moindre coût.

Œuvres sensibles est né.

Autres inspirations

Au début fut la nappe

Pour être exact dans les interviews que j’ai lues de Sarah Espeute sur homemagazine.fr ou sur reuni.com, elle raconte avoir commencé à se tester sur des coussins, en utilisant des toiles en lin ou chanvre, chinées, sur lesquelles elles brodaient des trompe-l’œil.

La nappe est donc venue après.

C’est la galerie a mano studio, à Biarritz, qui lui a d’abord commandé une nappe pour une exposition sur le thème de la table. Elle s’est alors rendu compte de la force de cet objet textile, avec ses broderies d’assiettes et couverts en trompe-l’œil. La nappe racontait une histoire et se racontait avec les objets posés dessus. Il faut dire aussi que depuis une décennie, l’art de la table se réinvente.

D’autres créations

Depuis les nappes qui ont fait sa signature, elle s’est aventurée vers d’autres projets, plus artistiques. Je l’ai rencontrée à nouveau par le biais de cette lampe, toute simple, avec son napperon posé dessus pour filtrer la lumière. Et puis, il y a ces habits rideaux qui sont surprenants. Nous les retrouvons en situation sur son compte Instagram.

Pour garder une liberté de création et permettre de la nourrir, elle délègue la broderie des produits en série, pour se consacrer aux créations uniques.

Des motifs simples et percutants

Ce qui intéresse Sarah Espeute, c’est l’objet de décoration, à travers lequel elle imprime un regard artistique, car elle peint par ailleurs. Elle brouille ainsi les frontières, dans un monde où les professionnels de l’art et du design aiment cloisonner la création. Pour elle, la création n’a pas de limite. Il est tout à fait possible d’avoir plusieurs casquettes qui s’enrichissent les unes par rapport aux autres.

L’idée avec les broderies, c’est de raconter une histoire en dessins.

L’objet devient une œuvre sensible qui véhicule une histoire. Chaque création est faite pour durer, en valorisant des tissus anciens qui ont pour certains plus de cent ans.