Tout le monde connaît la technique du Color Block ou Color Blocking en déco, ou presque. Ce mode opératoire nous vient de la mode. Il consiste à se parer de couleurs par bloc, tel un perroquet d’Amazonie ! Le blanc et noir, tout autant que le gris y sont à éviter. Toutes les autres couleurs, plus ou moins intensément, sont admises. Vous pourriez penser qu’en employant le terme « perroquet », je me moque, mais il n’en est rien. Les perroquets sont des oiseaux magnifiques, mais il n’en est pas moins difficile de coloriser notre intérieur, il y a un monde que certains ne franchiront jamais. Pour les aventureux, je vous explique comment procéder pour passer sa déco en mode Color Block à travers des exemples, sans devenir perroquet !
Dans cet article Une déco Color Block pour ce petit appartement, je vous expliquais ce qu’était le style Color Block.
Aujourd’hui, je souhaite approfondir, en vous expliquant comment se lancer, comment gérer les blocks de couleur, comment ne pas obtenir une pièce trop bariolée. comment travailler sa palette de couleurs. Il y a beaucoup de choses à dire sur le sujet.
Autres inspirations
⌈ Photo en une : Catalogue Dulux ⌋
01 | D’où vient le style Color Block ?
02 | Pourquoi l’association de murs blancs et de zones colorées ne fonctionne pas forcément bien ?
04 | N’ayez pas peur de la technique du Color Block ou Color Blocking
05 | Les questions subsidiaires
06 | Pour obtenir un style Color Block réussi, choisir les bonnes couleurs à associer
EN 1 : Limitez-vous à trois couleurs
En 2 : Reportez-vous au cercle chromatique, mais surtout oubliez-le !
En 3 : Aidez-vous des nuanciers
En 4 : Testez. Méditez.
En 5 : Jouez des motifs et matériaux
En 6 : Pensez par bloc
En 7 : N’associez pas forcément mat ou brillant
En 8 : Travaillez jusqu’au moindre détail
La palette de couleurs d’Arne Aksel pour Flügger
D’où vient le style Color Block ?
À l’origine du style Color Block, il y a l’art. L’association de surfaces unies de différences couleurs est apparu aux Pays-Bas, avec le mouvement De Stijl du début du XXe siècle. Nous pensons alors aux œuvres de Piet Mondrian, référence qui a toujours cours comme le montrent certains de mes exemples. Dans l’article du Monde Un peu d’histoires… Le color block, Julien Neuville nous rappelle le principe de ce mouvement :
Une simplification de l’œuvre en utilisant uniquement des lignes verticales et horizontales, se limitant aux trois couleurs primaires (rouge, jaune et bleu). Il oublie le noir et le blanc, le plein et le vide, la ligne et la surface.
Studio Sander Patelski – Affiche Juan O’Gorman, Casa Estudio de Frida Kahlo, 1929-1931
Cela s’applique au design et la célèbre chaise rouge et bleue, ou chaise Rietveld est une chaise dessinée par Gerrit Rietveld en 1917-1923 pour son nouveau magasin d’ameublement. Ce siège constitue une des premières explorations du mouvement artistique De Stijl et de l’esthétique néoplastique dans les trois dimensions, bouleversant l’histoire du mobilier, comme celle de l’architecture (dixit Wikipedia).
Maison éphémère de Skanno dans un quartier résidentiel d’Espoo par Asun, 2022
Pourquoi le style Color Block est intéressant à adopter chez soi ?
Le style Color Block en déco est intéressant à mettre en œuvre, car il donnera à votre intérieur une ambiance joyeuse, caractérisée et originale, à condition d’aimer jouer avec les couleurs.
Je vous rassure tout de suite, son approche peut être modérée, nous verrons dans cet article comment. En effet, la problématique du style Color Block en déco est de ne pas obtenir quelque chose de criard et disharmonieux. Autant, l’expérience d’une tenue n’équivaudra qu’à un faux pas de modeuse, autant en décoration, cela pourrait bien déclencher des maux de tête quotidiens !
Cette tendance agit aussi comme un véritable outil de conception : elle joue sur les volumes, module la luminosité et organise les espaces.
Pourquoi l’association de murs blancs et de zones colorées ne fonctionne pas forcément bien ?
C’est une solution souvent utilisée pour introduire de la couleur dans une pièce, mais ce n’est pas forcément une bonne idée. J’ai consacré un article à la question que je vous laisse voir ou revoir : Pourquoi il ne faut pas forcément peindre un seul mur d’une autre couleur ? En effet, les murs blancs détonnent face à des murs colorés. Le contraste est trop fort. Il faut renforcer le blanc, en le teintant ou en choisissant une couleur qui répondra mieux à vos surfaces colorées, et ainsi, commence le Color Block !
Réalisation couleur : Studio Koi – Projet : Frysja – Voir l’histoire ici
N’ayez pas peur de la technique du Color Block ou Color Blocking
J’ai adoré cet article sur le site du magazine norvégien Klikk (utiliser le traducteur), intitulé « Plus vous utilisez de couleurs, plus il sera facile de les assembler« .
La coloriste Dagny Thurmann-Moe de Koi est à l’origine de ces associations de couleurs improbablement réussie. Allez voir son site, cela donne envie d’adopter la couleur, en tout cas, cela me fait cet effet-là. Elle nous explique clairement, dans cet article, que « plus on s’entoure de couleurs, plus il est facile de réussir« . En effet, selon elle, les couleurs se complètent. Je l’ai souvent expliqué ici, et je le répète donc : une teinte n’existe jamais seule ! Elle ne vit que grâce aux autres teintes. Elle peut être atténuée, prendre un air mauvais ou devenir une évidence. Elle se révèle avec les autres, la lumière de l’espace, la matière.
Imaginez une chaise bleu vif dans un salon blanc. Imaginez-la ensuite dans une pièce colorée. Vous verrez probablement une chaise complètement différente. Notre cerveau ne perçoit pas une couleur seule, mais toujours avec d’autres. L’arrière-plan et le contraste influencent la perception d’une couleur.
Ainsi, toujours selon elle, une fois que vous avez ajouté une couleur, il devient plus facile de trouver les couleurs numéro deux et trois, car vous ne comparez plus les couleurs au blanc.
Facile !
Conception : Fariz Mamedov – Projet : Tour Elif, Almaty 2023 – Photo : Roman Yakunin et stylisme : Anel Erdenova
La peinture a deux fonctions principales : unifier ou mettre en valeur.
En fonction de cela, vous pouvez agir, en sachant si vous voulez UNIFIER (fondre) ou CRÉER DU CONTRASTE (marquer), sachant que la couleur forte est généralement celle utilisée pour créer du contraste, tandis que la couleur unificatrice est atténuée. Et comme toute règle, cela peut être inversé et c’est votre instinct qui vous guidera.
Je vous disais en introduction, qu’elles n’avaient pas leur place dans la technique Color Block. En fait, si.
Ces tons neutres servent de base ou de respiration entre deux couleurs fortes. Ils permettent d’équilibrer la composition, d’éviter la saturation visuelle et de mettre en valeur les teintes vives. On peut, par exemple, associer un beige sable à un vert céladon et un bleu Klein, ou un grège à un terracotta et un rose poudré, pour un rendu à la fois dynamique et harmonieux.
La technique du Color Block s’adapte à de nombreux intérieurs, à condition de bien doser les contrastes.
Elle est particulièrement efficace dans les espaces contemporains, design ou minimalistes, où les aplats de couleur structurent l’espace et créent du rythme. Mais elle peut aussi réveiller un intérieur plus classique en apportant une touche graphique et moderne. L’essentiel est d’avoir des lignes claires et des volumes bien définis pour que les couleurs puissent dialoguer sans surcharge.
Pas forcément ! Le Color Block peut tout à fait fonctionner dans un petit espace, à condition d’utiliser les couleurs de manière stratégique. Plutôt que de multiplier les contrastes, on privilégie deux ou trois teintes maximum, bien équilibrées. Les couleurs claires et lumineuses peuvent agrandir visuellement la pièce, tandis qu’une touche plus soutenue permet de structurer l’espace ou de mettre en valeur un mur.
Dans un grand intérieur, on peut se permettre des aplats plus marqués et des combinaisons plus audacieuses, mais dans un petit logement, la clé reste la mesure et la cohérence.
Il est tout à fait possible d’utiliser la technique Color Block dans un intérieur déjà décoré, sans tout refaire.
L’idée est d’introduire progressivement des aplats de couleur sur certains éléments existants : un pan de mur, une porte, le dos d’une étagère ou même un encadrement de fenêtre. On peut aussi jouer avec le mobilier ou les accessoires. L’important est de créer des dialogues visuels cohérents avec la palette déjà en place. Le Color Block devient alors une façon de redynamiser la déco, sans la dénaturer.
L’intérieur de Sif Steendahl Grandorf, experte en couleurs
Réalisation : Daria Zinovatnaya
Limitez-vous à trois couleurs
Si vous êtes aguerri en décoration, la règle est : « Pas plus de trois couleurs dans une pièce« .
Beaucoup de décorateurs avertis considèrent en effet que plus de trois couleurs dans un espace risquent d’engendrer la confusion et de rendre le décor peu élégant. La palette type d’un décor se compose donc d’une couleur dominante qui donne le ton, d’une deuxième qui s’associe à la première, et enfin, une troisième qui vient en couleur accent par petites touches. Cependant, vous constaterez au regard de certains exemples que nous pouvons aller bien au-delà de cette règle !
Réalisation : Daria Zinovatnaya
Mais attention, toujours en gardant la même valeur (ou intensité) dans les teintes, et surtout en jouant sur de grandes surfaces. Si vous multipliez les petites surfaces comme dans cet intérieur, cela devient « brouillon » selon moi.
@lesifre_design – Sif Steendahl Grandorf, experte en couleurs – Lire l’article son interview : Color Guru : Comment utiliser la couleur dans votre maison sur scandiliv.nl
Reportez-vous au cercle chromatique, mais surtout oubliez-le !
La difficulté est de se lancer, n’est-ce pas ? Par quel bout comme
Si vous voulez vraiment créer un environnement décoratif Color Block dans les règles de l’art, je vous invite à vous tourner vers le fameux cercle chromatique. Cela vous aidera à trouver les bonnes combinaisons.
Le principe est simple. Vous choisissez une couleur de base comme le bleu et vous l’associer au ton opposé le bleu. Si vous souhaitez vous aventurer au-delà de deux couleurs, tracez un triangle qui vous mène d’une couleur à son opposé.
Design intérieur : Linda Bergroth – Projet : Showroom Durat à Helsinki
C’est contre intuitif, mais les couleurs qui vont le mieux ensemble sont celles qui sont en face l’une de l’autre sur le cercle chromatique.
– Rouge ↔ Vert
– Bleu ↔ Orange
– Violet ↔ Jaune
Mon conseil : Laissez parler votre instinct. Les règles sont compliquées à suivre, même si elles aident à comprendre après coup pourquoi nous aimons telle association de couleurs, plutôt qu’une autre. Inspirez-vous de choses de tableau qui vous inspire sur Pinterest ou ailleurs. Cela ne doit pas être forcément un décor, mais un visuel dont l’association de couleurs vous parle.
Voir ou revoir : The Nordic Edit par Farrow and Ball : Osez les couleurs !
Aidez-vous des nuanciers
Les quincailleries, vous proposent des milliers de teintes, en vous présentant un échantillonneur. (Toutes les teintes sont reproductibles, grâve au RAL.) Cela vous donne des teintes, mais ne vous aide pas à les combiner. C’est pourquoi il est intéressant de se référer au nuancier des marques de peinture (Farrow & Ball, Ressource, Pure & Original, Little Green… pour n’en citer que quelques-unes). Elles font un travail de fond pour créer des nuanciers cohérents, qui facilitent leur association. C’est pourquoi, en plus de la qualité de leur produit, elles sont plus chères aussi.
thenicestuffcollector.com
Testez. Méditez.
Tester sa couleur est important, cela évitera bien des déboires. Cela veut dire qu’il ne faut pas aller chez son marchand de couleurs, la veille de l’arrivée du peintre, ni même la semaine d’avant. Il faut du temps pour mûrir ses choix.
N’hésitez pas à demander des échantillons de vos couleurs préférées et à les peindre sur une feuille A3. Ensuite, il faudra les accrocher sur le mur, et méditez ! Je plaisante, mais il est nécessaire de voir comment la teinte réagit à la lumière au fil de la journée, et ce dans divers endroits de la pièce. N’oubliez pas qu’une teinte fonce, quand elle est appliquée sur une grande surface.
Design intérieur : Estudio Recente – Projet : Policromada, Madrid – Photo : Germán Sáiz
Jouez des motifs et matériaux
Les imprimés ne sont pas forcément les bienvenus dans un décor Color Block, car cette technique est inspirée des Modernistes qui épuraient et réduisaient l’impact des motifs. Cependant, en petit quantité, cela marche quand même surtout les motifs géométriques : un coussin, un tapis, un abat-jour comme accent décoratif. Il ne faut néanmoins pas tomber dans le Maximaliste. Ce serait autre chose.
Cette approche invite a joué avec les matériaux unis. Le Color Block n’est en effet pas restreint à l’application de peinture. Dans une salle de bains, on s’amuse avec le carrelage de différentes couleurs. Dans la cuisine, les placards se parent de couleurs
Conception : studio Deense Zomer – Projet : La maison des années 70 aux Pays-Bas de la fondatrice du studio
Pensez par bloc
Regarder votre pièce, l’agencement des espaces et des volumes les uns par rapport aux autres. Une pièce à vivre peut avoir plusieurs zones de vie : salon, salle à manger, cuisine, et parfois même l’entrée et le couloir qui dessert les autres pièces de la maison. Il peut y avoir des alcôves, des caissons, des boiseries, des colonnes, ect.
Par rapport à ce qui a été dit plus, il faut savoir si vous voulez fondre ces éléments dans le décor ou les mettre en avant.
Vous devez créer des zones de couleur, sans les multiplier. Dans une zone, vous pouvez apporter des nuances de la couleur. Les couleurs accents ont aussi leur rôle à travers des accessoires décos. Tout est question d’équilibre.
Design intérieur : Marcante-Testa – Projet : Ligurian Memories – Photo : Helenio Barbetta
N’associez pas forcément rendu mat et brillant
Telle est la question. Nous abordons cette question très souvent par le biais technique. Pour une pièce d’eau et un endroit de passage, les peintures lessivables sont recommandées. Elles sont donc brillantes à satinées. Pour les pièces comme le salon, la chambre, le mat est souvent conseillé parce que plus élégant.
Maintenant, beaucoup d’architectes s’amusent avec les brillances pour créer des effets discrets dans un décor. Cela est surtout vrai dans les espaces lumineux, aux décors clairs avec peu de contraste, typiquement la vision scandinaves ces dernières années. Les surfaces mates adoucissent l’impression visuelle, car elles produisent moins de reflets. Les surfaces brillantes créent du relief.
Par exemple, si vous peignez un couloir en vert émeraude avec de la peinture mate, vous pouvez peindre les portes d’une teinte proche, turquoise, en brillant. Ça fonctionne.
Avec des couleurs plus intenses et plus contrastées, cette pratique est plus compliquée. Elle n’est en fait pas nécessaire, la tension entre les différentes teintes suffit.
Happy Mundane Home Tour
Projet : Laminex x YSG – Design : YSG Studio – Photo : Derek Swalwell – Stylisme : Natalie James – Direction artistique : Ortolan
Travaillez jusqu’au moindre détail
Il existe aujourd’hui des sous-couches, adaptées à pratiquement tous les supports : plastique, métal, carrelage… Ainsi, il peut être envisageable de tout peindre, ou presque. C’est pourquoi il est amusant de s’amuser avec la peinture, jusqu’au fin des placards et des tiroirs.
Dans cette quête colorée, les matériaux jouent également un rôle : revêtement de sol (moquette, lino), de murs (carrelage, papier peint) qui se déclinent dans de nombreuses couleurs. Il faut également compter sur les masses colorées décoratives que sont les textiles (tapis, rideaux) ou encore les meubles imposants. Les petits détails comme les prises électriques, les fils des lampes, les petits objets décos… comptent également.
Intérieur Design : Waldo Works – Projet : Pied-à-terre à Marylebone, Londres – Photo : Rebecca Reid via houseandgarden.co.uk
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