L’art de collectionner des antiquités est une pratique ancestrale qui a toujours eu cours, et a toujours cours. Elle a sans doute perdu de son aura auprès d’un public jeune, mais les lignes bougent. Des jeunes gens créatifs s’approprient vieilleries, antiquités, autant qu’objets de brocante, pour des raisons écologiques, mais aussi, parce qu’ils y trouvent une certaine esthétique. L’ancien n’est plus ringard, il redevient beau. C’est aussi une question d’éducation de l’œil. Nous y viendrons dans l’article. Je vous propose en effet d’appréhender une certaine approche décorative et de découvrir des créatifs qui s’engagent dans cette voie.
Il m’a été amusant de constater le grand écart entre mon article sur le style Ranch californien qui prône la modernité, où les vieilleries sont proscrites, et celui-ci.
Quelque part, je sais que c’est un peu faux aussi, car les Américains aiment aussi les antiquités, sinon la galerie Half a Los Angeles qui distribue des antiquités européennes à prix d’or n’existerait pas. Cependant l’approche de l’antiquité y est différente. Je pense. Rien qu’à lire, l’article traduit 7 conseils d’experts pour décorer votre maison avec des antiquités de Lori Keong, je constate un léger différé.
L’objet ancien aux États-Unis est abordé comme une œuvre d’art. Les photographies que la galerie Half réalise des antiquités qu’ils mettent en vente en sont le reflet.
En Europe, nous n’avons pas ce même rapport au vieux. Les antiquités, les vieux bâtiments, sont partout. Que nous les aimions ou pas, ils font partie intégrante de notre quotidien.
Autres inspirations
⌈ Photo en une : @thepleasureofleisure – Photo : @annapihan ⌋
01 | Pourquoi aime-t-on ou pas les antiquités ?
02 | Une approche écologique, vertueuse<
03 | Repenser notre rapport aux antiquités
04 | Katerina Marie Herold, une jeune antiquaire curatrice
05 | Redéfinir son idée des « antiquités »
06 | Quintana Partners, une vision du réemploi
07 | Comment faire cohabiter harmonieusement neuf et ancien ?
_Viser un résultat « Effortless »
_Mélanger les styles et les époques
08 | Chercher l’antiquité
La maison de Tiphaine Guiran et Pierrick Sance dans le Luberon sur thesocialitefamily.com – Photo : Valerio Geraci et Gautier Billotte
Pourquoi aime-t-on ou pas les antiquités ?
Une antiquité par définition est vieille. Elle peut même paraître poussiéreuse aux yeux de pas mal d’entre nous. Néanmoins, c’est bien à cause de son grand âge qu’elle est objet de désir pour bien d’autres.
Elle est porteuse d’une histoire que ne possèdent pas les objets manufacturés actuels.
Il faut qu’elle soit porteuse d’une certaine esthétique tout de même. C’est pourquoi des experts se mettent à votre service pour vous ouvrir le sens critique. Parce que sans cela, pas de commerce d’antiquités. Il y aura beau avoir derrière ce mouvement une conscience écologique, il faut des personnes qui apprécient l’esthétique de l’ancien pour qu’il y ait un marché. Et ce marché est un terrain de jeu, ouvert à tous, amateurs comme collectionneurs.
Le truc est de trouver la pièce rare et d’en faire quelque chose comme dans cette maison du Luberon (ci-dessus), où les propriétaires s’amusent de leurs trouvailles, dans toutes les pièces de la maison.
Une approche écologique, vertueuse
Le manifeste de The Great Design Desaster est sans fard et sans mesure, à propos de la crise climatique qui découle de notre consommation effrénée d’objets manufacturés à l’obsolescence programmée.
En 2009, Joy Herro, conseillère en design artistique crée The Great design desaster, en collaboration avec l’architecte d’intérieur Gregory Caserelia. Le projet est de promouvoir des objets uniques. Le duo a donc réuni un carnet d’adresses d’artisans de haut vol, pour répondre aux attentes de futurs commanditaires.
Tout, cela est très beau te vénérable, mais s’adresse à une élite et ne résoudra en rien la crise climatique. Passons.
En revanche, ce qui m’intéresse ici, est que durant la dernière Milan Design Week, Joy Herro a investi une ancienne boutique d’antiquaire. Ce lieu deviendra un lieu pérenne pour son activité, mais en attendant, elle a mis en scène une sélection de pièces historiques glanées sur place, dans un lieu empli d’histoire. C’est beau. Je trouve.
Je crois que l’avenir tient surtout au réemploi.
Repenser notre rapport aux antiquités
Pour aimer les vieilleries, il faut avoir l’œil formé.
Le mouvement moderne dès les années 1920 a eu un effet délétère pour tout ce qui était ancien. Il était en opposition : haro sur les fioritures ! Il fallait ouvrir, simplifier, fonctionnaliser. Bref, la naissance l’habitat moderne.
Heureusement, le moderniste n’a pas fait table rase du passé. SI nous avons modernisé et vidé les maisons de nos grands-parents, nous avons conservé la nostalgie de leur ambiance. Aujourd’hui, certains créatifs se réapproprient le charme de l’ancien et réhabilitent les vieilleries. Ainsi deux mondes avancent parallèlement : ceux qui aiment l’ancien et l’histoire, et ceux qui préfèrent le neuf et la modernité.
Je simplifie, car les deux mondes se croisent régulièrement et cohabitent parfaitement.
Katerina Marie Herold, une jeune antiquaire curatrice
Katerina Marie Herold a fait la une du dernier Milk décoration. Elle y pose dans sa galerie / maison à Majorque, au décor ancien incroyable, peuplé d’antiquités. Je n’ai pas attendu Milk, pour vous parler de cette curatrice d’art et de design. Vous pouvez voir ou revoir L’univers d’Heroldian Art, l’art de mettre des antiquités en scène, déjà le sujet m’intéressait.
Comment mettre les antiquités en valeur ? Trouvent-elles plus leur place dans un intérieur historique ? Peut-on mélanger contemporain et antiquités ?
Redéfinir son idée des « antiquités »
L’antiquité est par définition ce qui est très ancien. En cela, elle se différencie de ce que nous pouvons trouver en brocante. Nous pouvons trouver des antiquités dans les brocantes, mais nous y dénichons surtout beaucoup d’objets du XIXe et XXe siècle.
L’ancienneté ne fait pas forcément le prix. Des meubles vintage peuvent atteindre des prix pharaoniques. La vieille armoire sculptée de famille peut se vendre trois sous, tandis que le presse-agrume vaudra 6 sous. Je ne vais pas rentrer dans les détails de la valeur des antiquités, car leur valeur dépend de ceux qui sont prêts à mettre le prix.
Aujourd’hui, nous délaissons nos vieilleries et beaucoup partent à l’autre bout du monde, mais nous ramenons à prix d’or des antiquités d’ailleurs.
L’antiquité est entrée dans l’aire du marché connecté.
Quintana Partners, une vision du réemploi
Le studio d’architectes d’intérieurs, décorateur, constitué de Quintana Partners, Pol Castells et Benito Escat ont fait de la réutilisation, la signature de leurs projets. Cette maison, à Mahón, à Majorque comme la maison galerie Heroldian, en est un bel exemple. Cette approche qui génère moins de déchets est plus respectueuse de l’environnement, mais pas moins coûteuse.
Réhabiliter, réadapter, réutiliser demande du temps, du savoir-faire et donc, n’est pas à la portée de tous. Mettre en scène quelques antiquités est à la portée de tous.
Design intérieur : Quintana Partner – Projet : Jerónimo, Mahon, Majorque – Photo : Daniel Schäfer
Comment faire cohabiter harmonieusement neuf et ancien ?
Cette approche est intemporelle et contemporaine.
Elle fonctionne, car elle crée du contraste, et nous le savons, c’est ce contraste qui fait la substantifique moelle de votre décor. À vous de doser. L’idée est que cela reste tout au moins harmonieux, sans faire trop réfléchi. Bref, il faut atteindre le fameux style « effortless », la décoration sans effort.
_Viser un résultat « Effortless »
Cela veut dire que le résultat est le fruit d’un certain hasard, cependant réfléchi, mais que cela ne doit pas paraître.
Si vous ne savez pas comment faire, laissez-vous guider par votre instinct. L’astuce, je vous la donne, est de travailler par couche : un premier objet auquel on associe un autre, puis deux autres, puis un en moins, etc. On essaie, on se trompe et on recommence. Même les meilleurs décorateurs du monde se trompent et hésitent parfois !
Maison géorgienne, 3 chambres et 1 salle de bains, avec des caractéristiques d’origine d’époque partout – Romilly, Londres sur shootfactory.co.uk
_Mélanger les styles et les époques
Mêler des pièces de différentes époques, en suivant un fil directeur, même infime : couleurs, matières, sujets, style, va donner de l’épaisseur au décor. Cette approche évite la monotonie et l’impression d’être dans un musée.
Elle va vous permettre par ailleurs d’éviter l’écueil « vieillot », et de passer en mode « design ».
L’autre règle est que chaque objet doit être du même niveau : mobilier, œuvres d’art, antiquités. Achetez peu, mais bien pour que votre intérieur ne ressemble pas une brocante. Vous l’éviterez d’autant plus en soignant les détails comme les poignées de porte, en posant un beau papier peint, en rajourant de la couleur.
Appartement à Stokholm, en vente sur historiskahem.se – Photo : Boukari et stylisme : Ahlovist
Chercher l’antiquité
Le plus gratifiant est de dénicher la perle rare au fond d’une sombre brocante ou d’un grenier de famille et de la valoriser. Il faut se laisser conduire, mais aussi avoir un plan d’attaque.
J’avais écrit un article sur le sujet : Se meubler avec du mobilier vintage : pourquoi ? Comment ?, où tout est dit ou presque.
Appartement Médaillon de 33 m2 à Bordeaux, au rez-de-chaussée en vente sur le site immobilier Archnik
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