Glamping est un mot apparu récemment qui fait référence au camping de luxe, cette idée d’obtenir un confort maximum sous une tente. C’est quelque chose qui m’amuse et que j’ai déjà expérimenté, camping à la dure comme camping tout confort. Ce qui m’intéresse surtout ici est de voir comment l’iconographie et l’imaginaire autour du camping, du campement, du camp de scouts autant que les safaris lodges influencent l’univers de la décoration. Je vous propose de découvrir ce nouveau moodboard intitulé : Glamping ou la déco nomade avec cette question sur comment le camping inspire le design.
À l’origine, l’homme était nomade. Il suivait les troupeaux. Cela a duré un certain nombre d’années, avant que l’homme n’invente l’homme moderne et construise le mythe de l’homo sapiens urbain qui a anéanti pratiquement toutes les populations nomades. Je crois cependant que nous avons gardé dans nos gênes ce nomadisme.
Après l’épisode covidien, la nature est devenue l’obsession de pas mal d’entre nous. Rien de bien nouveau, nous avions tous vu, lu, Into the Wild, juste une prise de conscience renouvelée. Les épopées nature en quête de grands espaces étaient déjà érigées comme une ode à la déconnexion, un retour aux justes valeurs.
Mais attention, pas sans un certain esthétisme léché d’une nature sublimée et une vision idéale de la vie au fond des bois tout confort et sans danger.
C’est ainsi que sont nés le glamping à la campagne et la décoration nomade à la ville, inspirée des tentes berbères, autant que des safaris lodge ou de la cabane de bûcheron. Faites votre marché !
Autres inspirations
Au programme dans cet article !
Comment la vie au grand air influence le monde de la décoration ?
Notre besoin de choses
Trois esthétiques « Glamping » qui se croisent sur un même sujet
01 | Camping Paradis : l’esthétique du camping populaire
02 | La tente berbère : L’esthétique nomade du désert
03 | Safari lodge : Ma ferme en Afrique
Comment injecter de l’esprit glamping chez soi pour une déco nomade ?
En 1 : Des meubles légers et escamotables
En 2 : Des matériaux naturels et résistants
En 3 : La tente comme un refuge et élément déco
En 4 : Économie de moyen
En 5 : Un éclairage nomade et tamisé
En 6 : Des solutions de rangement nomades
En 7 : Le confort sous les pieds
En 8 : Une déco nature et bricolée

Shed par Julie Richoz pour Kvadrat Knit – Février 2020

Design : Jonas Takagi – Projet : Base camp pour Kvadrat – Photo : Angela Moore
Design : Cenlitro – Projet : Exenta pour Cuarto Pexigo – Photo : Roi Alonso

@vormmartini
Comment la vie au grand air influence le monde de la décoration et du design ?
Il se fait en permanence des allers-retours entre les deux.
Quand nous expérimentons la vie dans la nature, nous tentons de reconstituer un semblant de quotidien. C’est bien nécessaire, nous sommes des êtres primitifs. Les stratégies que nous mettons en œuvre avec plus moins d’inventivité et de luxe pour répondre à nos besoins s’invitent dans la maison. Mobilier escamotable et pliant, douche extérieure, lampe-tempête, cuisine démontable, tente protectrice nourrissent le design et imprègnent nos maisons de cet esprit nomade.

Installation artistique Rachel Hayes – Wyoming 2020

Source inconnue
Notre besoin de choses
De quoi avons-nous besoin pour vivre ? Oui, le glamping nous interroge.
Loin de moi, l’idée de vous pousser dans des réflexions très profondes. Il est néanmoins vrai que la vie au grand air, invite à réfléchir sur nos vrais besoins. Il est en effet compliqué d’emporter sa maison sous la tente, cela m’a parfois déçue, d’où la nécessité d’aller à l’essentiel. Cela aboutit à des réflexions sans fin pour constituer son sac de voyage. Je ne parle même pas des considérations déclenchées par un bivouac en montagne, sans moyen de transport.

Esthétique de camping pour ce magasin OFF SPACE à Guatang, Chine
Dans ce magasin situé à Guatang en Chine, spécialisé dans le camping, des clients créent un mur avec les affaires qu’ils emportent pour leur bivouac.
Porter ses affaires amène à faire de grosses concessions…
Le campement conduit donc à repenser la consommation et à nous tourner vers une vie plus minimaliste. Enfin c’est une pensée idéalisée, parce qu’entre le bivouac et le lodge safari 5 étoiles, il y a un gap assez important. Tout le monde n’est pas prêt à renoncer à un certain confort, et moi, pas plus que les autres. Tout est une question de degré.
Nous sommes humains, quand nous pouvons nous le faisons.

Installation Camping au concept-store Merci à Paris
Dans mes recherches, très approfondies (un tableau Pinterest), j’ai relevé trois principales esthétiques qui touchent au glamping. Nous touchons au cliché.

Source inconnue

Camping vintage
01 | Camping Paradis : l’esthétique du camping populaire
L’esprit du camping des années 70 / 80 vit un nouveau souffle, ces derniers temps. Qui l’eut cru ? Toile orange et jaune ocre, motifs à fleurs rétro, mobilier tubulaire, plastique coloré et formica, la vie au grand air comme à la maison se réinventent sous le joug d’une nouvelle génération qui ne l’a pas connue.

Installation : Sardine Sardine par Madeleine Oltra et Angelo de Taisne – Design Parade de Toulon, 2022 – Photo : Alice Mesguich
En 2022, Madeleine Oltra et Angelo de Taisne gagnent le grand prix de la Design Parade Toulon avec leur installation Sardine Sardine, hommage à la côte méditerranéenne du sud de la France des années 1970. Le duo souligne l’importance profonde du camping qui a permis à beaucoup, de voyager. Ils proposent une série de meubles et d’objets design qui mêlent culture du camping et artisanat de luxe, en jouant des contraintes du camping qui imposent la légèreté.
02 | La tente berbère : L’esthétique nomade du désert
La décoration marocaine nous séduit, et l’esthétique nomade, avec des objets d’ici et ailleurs, faits mains, de la tente berbère nous inspire : tapis kilim, coussins brodés, lanternes ajourées et meubles bas en bois brut.
Le décor est brut et présente une certaine rusticité, mais néanmoins confortable.
Pensée pour résister aux éléments, cette structure démontable traduit une esthétique nomade tournée vers l’essentiel, sans rien céder au confort. Le glamping puise ici dans l’authenticité d’un mode de vie libre, avec une touche de raffinement très contemporaine qu’il est facile de reproduire dans un salon.

Umnya Dune Camp, Maroc – Photo : Elodie Rothan

Dîner au coucher du soleil dans le désert d’Agafay sous les tentes

Réalisation : Fabian Freytag studio pour AD Architectural Digest Germany à Berlin – Tissu brodé Zeppelin de Pierre Frey
03 | Safari lodge : Ma ferme en Afrique
Le style safari lodge s’inspire des camps de brousse d’Afrique de l’Est, mêlant élégance rustique et confort haut de gamme. Ce que je n’aime pas trop est l’esprit colonial, je préfère faire des références au style des grands voyageurs des années 30 et les ambiances peuplées d’objets d’artisanat d’ici et d’ailleurs.
Mobilier en teck patiné, malles de voyage, fauteuils en cuir vieilli, lin naturel, moustiquaires enveloppantes : chaque élément raconte une aventure, un ailleurs. Ici, le glamping prend des allures de roman, entre Out of Africa et éloge du slow living. La déco joue sur des tons terre de Sienne, sable et ocre rouge, ponctués de touches ethniques, que l’on invite dans sa maison.

Singita Mara River Tented Camp
Aero Studios – Projet : Maison à Sagaponack

Photo : Magnus Anesund et stylisme : Agneta Törnqvist pour le ELLE decoration suédois

L’intérieur au style nomade d’Olivia Thebaut – Photo : @oliviathebaut

Frama – Installation à la Voo Store galerie à Berlin, durant la Design Week de Berlin
Des meubles légers et escamotables
Pour faciliter le transport, le montage et l’adaptabilité à différents lieux, le camping a toujours privilégié des meubles légers, faciles à plier et à transporter. De cette nécessité, est née toute une esthétique qu’elle soit ancienne mélangeant bois et toile, ou récente avec des matériaux de haute technologie, légers et résistants.
Beaucoup de designers se sont inspirés des meubles des campements coloniaux, ainsi les fauteuils et sièges dits « safari » font partis du vocabulaire de l’ameublement intérieur. Aujourd’hui, encore beaucoup de designers s’inspirent des meubles de camping tubulaires, en textile avec toujours cette idée de mobilité et de double voire triple fonction.
Dans la maison, cela se traduit par des objets de camping détournés comme des lits pliants, des tables en bois repliables ou encore des fauteuils en toile façon metteur en scène. Le mobilier est bas, confortable et rustique.
Des matériaux naturels et techniques
Être dans la nature, exige des matériaux qui résistent aux intempéries et qui protègent.
La palette de matériaux mélange matériaux naturels comme le bois brut, le bambou, la toile de coton épaisse, le cuir patiné, le métal, mais aussi des nouveaux matériaux très techniques : cordes, toiles en polyester souvent enduites ou siliconées.
Dans la maison, on importe cette palette des matériaux. Ce qui est intéressant est de faire se confronter cet aspect brut et primitif au design actuel, comme cette installation de Victor Fleury Ponsin et Edgar Jayet qui ont imaginé un espace de repos entre une cabane de berger brute et design.

Installation : A Benidor de Victor Fleury Ponsin et Edgar Jayet dans le cadre du festival Design Parade Toulon, 2021

Wandawega dans le Wisconsin – Hickory tent

Campagne H&M home 2019 réaliasée dans le désert marocain – Stylisme Glen Proebstel et photo : Anders Schonnemann

Extrait du livre « Des maisons qui font du bien » Ikea – Voir ou revoir IKEA, conscience verte ou business conscient ?
La tente comme un refuge et élément déco
La tente est un refuge, la moustiquaire tout autant, mais il peut aussi s’agir d’un cabanon en bois.
L’idée est de délimiter un espace « civilisé » au milieu de la nature, une tanière. Nous aimons tellement cette sensation protectrice que nous la reconstituons à l’intérieur. Elle inspire des ciels de lit, des délimitations d’espace, des fermetures de zones de vie, que sais-je encore. C’est l’idée du drapé dont j’ai fait un article dernièrement.

via tokosie.jp – Smart ideas

Source inconnue

Looper suites au Sri Lanka – Photo : Marc Hernandez Folguera

Forest Camp Nutchel en Belgique – Photo : Sophia Galeria
Économie de moyen
Le campement autant que le camping a créé une esthétique du peu et du bricolé avec les moyens du bord : pierre comme support ou assise, bout de bois piquet, ficelles et crochets pour accrocher, assembler, tenir. Le glamping a conservé cet esprit en laissant les tuyaux en cuivre apparent, en utilisant des planches de bois patinées comme plan de travail, etc.
Dans la maison, nous pouvons choisir cette économie du peu qui oblige à être inventif, et économe. Cela aboutit souvent à des installations précaires, tout autant que poétiques, dans tous les cas, singulières.

Scarabeo camp – The Stone Camp, Atalas, Maroc

Clifton Glamping, Hawkes Bay

Lampe nomade, Quasar – Design : Samy Rio pour Petite Friture

Lampe baladeuse, Mayday – Design : Konstantin Grcic, 2000 pour FLOS
Un éclairage nomade et tamisé
Qui dit séjour au cœur de la nature, dit absence d’électricité. Il faut donc retourner en arrière et se tourner vers les soirées autour d’un feu de camp, les bougies, les lampes à huile ou à gaz. Et désormais, il y a les lampes LED.
Tous ces luminaires de campement et de camping ont créé un design de lampe (lampe-tempête, lampe nomade) qui évidemment se réinvente. La lumière au glamping est indispensable, et dans la maison, nous aimons recréer ses ambiances tamisées qui créent des jeux d’ombres et lumières dans la nuit. L’idée est aussi de se reprendre cette esthétique de lampe baladeuse qu’on suspend.

Nomad Serengeti Safari Camp

Mara River Tented Camp

Magasin PORTERSTAND à la gare de Tokyo – Photo : Yosuke Hayashi
Des solutions de rangement nomades
Qui a déjà campé, comprendra cette problématique du rangement et de l’organisation. Même au camping, il faut ranger sous de voir des denrées alimentaires se perdre, du linge sale se mélanger au propre, d’égarer la petite cuillère dans les bois. C’est d’autant plus important que nous pouvons être loin de tout.
C’est pourquoi le campeur a mis en place des stratégies plus ou moins sophistiquées d’organisation. Tout est bon pour ranger : caisses en bois, sacs suspendus, filets, paniers, cuisine portative. Il faut ranger sans s’encombrer. Et dans la maison, ces idées plus ou moins fonctionnelles peuvent être source d’organisation pérenne.

Desert Camping, Morocco – Photo : @thelondoner

Source inconnue

Source inconnue
Le confort sous les pieds
Il n’est d’ailleurs pas que sous les pieds. Pour ne pas vivre à la dure, on n’est pas à l’armée, on est au glamping, tout est bon pour générer un sentiment de confort. Les textiles sont omniprésents. Il y a évidemment les tapis qui permettent de délimiter des zones de vie, tout autant que d’offrir un confort sous les pieds, mais il y a aussi tous les accessoires textiles faciles à rouler comme les plaids et les tissus légers à suspendre. Et puis, il y a le confort du lit : exit le tapis de sol, le glamping offre un vrai matelas !
À la maison, nous pouvons réinventer cette esthétique en superposant des tapis, en créant des ciels de lit, en misant sur des lits de camp revisités avec draps en gaze de coton ou édredon bohème, pour une déco nomade.

La maison d’Anthony Esteves et Julie O’Rourke à Spruce Head dans le Maine – Photo : Greta Rybus

Simbavati Trails Camp

Design : Elia Mangia – Projet : Trullo, Les Pouilles
La déco nature et bricolée
Même si le glamping est une version aseptisée du camping, qui est elle-même une version aseptisée du bivouac, ce que nous recherchons, c’est un contact avec la nature. C’est pourquoi la décoration des hôtelleries pleines air reprend la plupart du temps l’esthétique du campement, soit une décoration tournée vers la nature et une décoration bricolée avec des bouts de ficelle.
Nous pouvons la reproduire d’une certaine façon dans nos intérieurs. Je vous laisse étudier mais quelques exemples, et explorer mon tableau Pinterest. Ce qui est intéressant dans cette approche est de jouer sur le contraste, essentiel important pour obtenir un bon décor, entre élément naturel comme un caillou et une branche de bois, et des éléments luxueux, design ou colorés.

Stone Desert Camp dans le désert d’Agafay, Maroc devenu Scarabeo Camp
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