Voici un hôtel qui a tout d’une ambiance démodée, parfaitement tendance. L’hôtel Massé, situé dans le quartier désormais très branché de Pigalle, affiche une devanture vintage des années 70. À l’intérieur, on découvre une esthétique marquée par cette période, absolument démodée. Bien entendu, il n’en est rien, car ce qui est démodé est tendance aujourd’hui. Il ne s’agit absolument de recréer un décor « seventies », ni même rétro, mais de créer une ambiance, ancrée en 2025, qui mélange et superpose des impressions d’un demi-siècle. Et cela fonctionne. Vous pourriez être tenté de vivre l’expérience, car l’hôtel Massé fait partie de ces nouveaux hôtels qui qui cherchent à bousculer les codes.

Parfaitement dans l’air du temps, cet établissement quatre étoiles est l’ambition de Corto Peyron, secondé par sa sœur Eole, qui souhaite créer un groupe hôtelier à taille humaine, dont l’esprit pourrait se décliner dans d’autres milieux urbains, mais également au cœur de la nature. En attendant, pour son premier projet, il a porté son dévolu sur un hôtel déjà existant, situé dans un bel immeuble haussmannien de la rue Victor Massé. Au cœur du quartier branché de Pigalle, nommé SoPi, en clin d’œil au SoHo new-yorkais, il voulait offrir un luxe simple, promesse d’un séjour authentiquement convivial, ouvert au monde.

Autres inspirations

L’esprit du Massé

Le bâtiment haussmannien, en lui-même, a confié au bon soin du studio Olivier Guyot. Quant à l’architecture intérieure et la décoration, elle est signée par Gasparetto Parenti, un cabinet d’architecte parisien, créé en 2023 par Juliette Gasparetto et Julie Parenti, passée par Festen Architecture. Je me disais bien qu’il y avait quelque chose de familier (Voir ou revoir S’encanailler à l’hôtel le Pigalle Paris).

Leur feuille de route était de créer un décor simple, mais simple n’est pas toujours le plus simple quand on touche au luxe.

Elles ont, je trouve qu’elles ont parfaitement relevé le défi, en réussissant à créer une ambiance simple et singulière, avec une pointe de sophistication.

Une communauté d’amis

Les amis du Massé rassemblent des créateurs et artisans de toute la France et issus de toutes les générations. Ce qui donne une vraie personnalité au lieu et une notion de tribu.

J’ai noté le studio de Lostange, basé en Bretagne qui a signé les uniformes bleu marine, les tapis des Éditions de Tapis, les savons siglés du logo du Massé de la maison marseillaise Foufour, ect. On trouve également beaucoup d’œuvres d’art, celles de Sophie d’Esteve, celles abstraites de l’Espagnol Eduardo Lalanne ou encore de Christian Rosa, connu pour ses grandes toiles abstraites. J’ai eu un coup de cœur pour les céramiques d’Héloise Rival qui sont incrustées au milieu des carreaux des salles de bains.

Cependant, ce qui m’a le plus intéressé c’est le travail de l’ébéniste Alexis Mazin qui crée des meubles et des objets, à partir de bois chiné. Complètement dans l’Upcycling.

Les chambres au minimalisme feutré

L’hôtel comprend 40 chambres, disséminées entre le rez-de-chaussée et le 6e étage, d’une superficie entre 12 et 24 m2. Chaque chambre présente une architecture intérieure différente, mais partage le même esprit : un certain minimaliste feutré, avec une pointe d’éclectisme pour rendre le décor singulier.

Nous retrouvons comme fil conducteur une palette de matériaux et de couleurs similaires au rez-de-chaussée, la moquette beige et les petits carreaux 5×5 au look terriblement daté en plus. Dans les chambres, comme dans les salles de réception, Gasparetto Parenti convoquent les années 70 « pour leur liberté formelle, leurs matériaux francs et leur décontraction visuelle » (extrait leur interview donnée à Marie-Claire Maison). À cela, s’ajoutent ici, comme au rez-de-chaussée des œuvres d’art, des objets chinés éclectiques, pour échapper au formalisme d’un hôtel standard.